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Le manoir de Fenalik

Le 3 juin 1789, par une après-midi suffocante, Un cri perçant fend l'air étouffant du couloir. Sans hésiter, Pressi dégaine son sabre, ouvre violemment la porte et découvre une femme à demi-inconsciente, s'effondrant contre le mur.
- C'est le Dauphin il est au plus mal ! balbutie-t-elle, le souffle court.
Non loin, Hugel se fige, le regard rivé sur une silhouette qui approche d'un pas lent et altier. Elle flotte presque, et d'un geste mécanique, se signe trois fois.
Le Comte Fenalik
Le Sergent Renault se redresse et avance vers l'inconnu. Plus il approche, plus les traits se Pressient Il se trouve soudain face au Comte Fenalik. D'une voix mielleuse et détachée, celui-ci se présente avant de détourner les talons en murmurant :
- Quel drame !
Pendant ce temps, Beaumains se trouve dans le bureau du Capitaine Malon en compagnie du Docteur Rigault. Lorsqu'il entend la porte s'ouvrir et voit Fenalik entrer, une onde glaciale lui parcourt l'échine. Il reconnaît immédiatement l'occupant du carrosse blanc aperçu plus tôt. Leurs regards se croisent une fraction de seconde, mais Fenalik détourne aussitôt les yeux.
- Quel drame ! reprend-il d'un ton théâtral. Le Docteur Rigault est probablement responsable de la contamination du Dauphin.
Malon et Rigault se figent, stupéfaits. Fenalik esquisse un sourire à peine perceptible avant de sortir sans un regard en arrière.
- Le Roi et la Reine partent pour Meudon murmure Rigault, défait.
Un silence pesant s'installe, bientôt rompu par Pressi, qui se redresse et annonce :
- Si nous voulons des preuves, elles sont probablement au manoir du Comte.
Malon opine du chef et leur confie une mission :
- Trouvez ces preuves. Mais faites-le discrètement.
Le Sergent Renault hésite une seconde avant de poser la question qui le taraude :
- Y a-t-il des éléments qui nous sont cachés ? Ces bêtes étranges aperçues dans les catacombes cette présence inquiétante autour du Comte Fenalik
Le Capitaine reste silencieux un instant, puis soupire :
- Trop de choses nous échappent encore. Mais faites attention, Fenalik est dangereux.
Départ pour Saint-Germain-en-Laye
Lettre de mission en poche, la brigade quitte la cour d'honneur. La file de carrosses a disparu. À trot soutenu, ils traversent la forêt de Marly, où la fraîcheur tranche avec la chaleur étouffante de la journée.
À la caserne de Saint-Germain-en-Laye, la brigade se repose avant de repartir à l'aube.
4 juin 1789 - En route pour le manoir de Fenalik
Les armes soigneusement dissimulées sous des vêtements civils, la brigade atteint Poissy, où une auberge servira de QG temporaire. Sur la route menant au château, ils croisent un négociant en vin et son fils en partance pour une livraison au manoir du Comte. Après négociation, Pressi et Hugel se font passer pour ses employés.
Le négociant, nerveux, lâche d'une voix amère :
- Si le Comte ne payait pas si bien, je refuserais de traiter avec lui
À l'approche du domaine, le gigantisme du mur d'enceinte frappe la brigade. Deux laquais suspicieux laissent entrer Pressi, Hugel et le fils du négociant pour livrer les tonneaux. L'intérieur du domaine est immense : un manoir imposant, un parc somptueux, un jardin à la française bordé de statues.
Une fois la livraison terminée, Pressi et Hugel se dissimulent dans un bosquet et rejoignent discrètement le mur d'enceinte. Là, une corde est lancée et le reste de la brigade pénètre dans le domaine.
Ils atteignent le jardin, près d'une statue représentant l'allégorie de la Mort, une main tendue comme une invitation funèbre. Dissimulés dans la roseraie, leurs regards se portent sur un belvédère où des statues dérangeantes s'alignent :
- Icare aux ailes de chauve-souris,
- Cupidon mordant Psyché au cou,
- Une Madone tenant un enfant dont les lèvres dissimulent des canines acérées.

La nuit tombante offre une meilleure couverture. Des carrosses affluent dans la cour. Les nobles sont accueillis avec faste, tandis que les domestiques sont chassés sous la menace du fouet.
Beaumains plisse les yeux et reconnaît Guy le Gentil de Barrois, bailli de Provins. La brigade observe un étrange rituel dans le grand hall du manoir :
Les invités baisent l'anneau d'une statue momifiée d'un Pape, qui semble être une véritable momie.
Des bruits proviennent de la salle à manger. Hugel, s'approchant d'une fenêtre, découvre une scène grotesque et dépravée :
- Au centre de la pièce, les convives dînent en plein festin.
- Charles de Honnecourt récite Les nuits de l'homme sans tête : éloge de la verge et du cul tandis qu'une dame de la Cour masturbe un nobliau.
- Des coups de fouet résonnent, mêlés à des gémissements de plaisir.