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L'assaut

Publié le 14/03/25
L'Appel de CthulhuCompte-rendu
L'assaut

Guy le Gentil de Barrois est travesti en Marie-Antoinette, arborant une perruque royale. Il est en train de se faire fouetter par une femme déguisée en Louis XVI. Au fond de la pièce, un homme de petite taille déguisé en Dauphin est accompagné d'une femme dévêtue qui lui susurre des mots à l'oreille.

Scène macabre

Hugel, particulièrement attentif, surprend un commentaire : À peine le Dauphin a-t-il disparu qu'il est intégré à la scène. L'ambiance, déjà proche de l'orgie, devient plus sombre lorsque les cris de plaisir se transforment en hurlements de douleur.

Guy le Gentil de Barrois est violemment fouetté à la demande du Comte Fenalik. Il subit un véritable tabassage en règle. Lorsqu'il perd connaissance, Fenalik lève la main, imposant le silence. Tous cessent immédiatement de réclamer son exécution. Le Comte s'approche, l'aide à se relever, l'embrasse, puis le confie à deux laquais qui l'emportent dans une autre pièce. Il disparaît. Fenalik tend alors la main à la femme déguisée en Louis XVI et l'entraîne vers la salle de bal.

Pressi profite de l'agitation pour récupérer la perruque ensanglantée de Guy le Gentil. Avec une grande discrétion, il parvient à s'en emparer et décide de la rapporter immédiatement à Versailles en compagnie de Hugel et Beaumains. Pendant ce temps, le Sergent Renault et Dupois restent sur place pour espionner ce qui se déroule dans la salle de bal.

Tous les aristocrates baissent les yeux vers leurs chaussures, comme s'ils craignaient d'être choisis pour quelque chose d'indicible. Au milieu de la pièce, le nain déguisé en Dauphin se fait interpeller par le Comte Fenalik :

  • Il est temps de nous faire entendre votre chef-d'œuvre, Dietrich Zann. C'est l'heure de la musique de l'Au-delà.

Dietrich Zann proteste, affirmant que son morceau n'est pas prêt, qu'il ne l'a pas assez répété, que le Comte ne l'aimera pas et que son violon a besoin de nouvelles cordes. Le Comte Fenalik lui décoche un regard courroucé. Dietrich Zann, tremblant, pose son archet sur les cordes et joue une première note aigüe. Tous les convives font un mouvement de recul tandis que les canines du Comte semblent s'allonger sous l'effet d'une excitation contenue.

  • Allons, allons, ce n'est pas un air pour danser ! Jouons plutôt une marche nuptiale !

À ces mots, le Comte Fenalik et la femme déguisée en Louis XVI adoptent la posture de futurs mariés. Un ouf de soulagement parcourt l'assemblée. Fenalik reprend :

  • Fort bien, mais vous jouerez malgré tout, Dietrich, au Grand Carnaval des Animaux. Si vous refusez, le prochain costume que vous porterez sera celui d'un porcelet.

Puis, le Comte Fenalik se retire dans ses appartements. La fête prend fin brutalement. Les convives sont pressés de partir par les laquais. À leur départ, chaque noble reçoit une enveloppe dorée. Profitant de la cohue, Dupois subtilise une enveloppe des mains d'un jeune nobliau.

Le Sergent Renault et Dupois attendent cachés dans le jardin pour s'échapper en toute discrétion. Une fois hors de danger, ils ouvrent l'enveloppe et découvrent une invitation au Grand Carnaval des Animaux, prévu pour le samedi 13 juin 1789. Ils rejoignent ensuite la caserne de Poissy. L'annonce officielle de la mort du Dauphin vient d'arriver à Versailles. Un enseigne est envoyé à Poissy avec un ordre pressant : le Sergent Renault et Dupois doivent immédiatement rejoindre Versailles.

Planification de l'assaut

5 juin 1789, 4h du matin, Renault et Dupois réveillent leurs camarades pour partager la découverte de l'enveloppe et préparer la recontre avec le Capitaine Malon.

Toutes les preuves sont soigneusement présentées au Capitaine Malon et au Docteur Rigault. L'invitation récupérée ouvre une opportunité stratégique : Malon décide d'organiser une intervention le 13 juin, sous la forme d'un assaut mené par une cinquantaine de soldats. Afin d'éviter toute fuite d'information, les hommes ne seront prévenus qu'au dernier moment.

L'enseigne du Capitaine se charge alors de remplir une montagne de documents pour obtenir les ressources nécessaires à l'opération. Le temps de tout mettre en place, la brigade d'intervention devrait être en mesure de se rassembler à la caserne de Poissy dès le 9 juin.

Les ordres de Malon sont sans appel :

  • Personne ne quitte la caserne, aucune exception ne sera tolérée.
  • Le Comte Fenalik doit être capturé vivant afin d'être traduit en justice.
  • Rien ne doit être subtilisé sur place. Chaque objet découvert sera considéré comme une preuve et devra être présenté à Malon.
  • Les documents saisis seront remis au Docteur Rigault, qui s'en servira pour instruire le dossier contre Fenalik.

Cependant, la situation se complique pour Rigault. Depuis la mort du Dauphin, il est tombé en disgrâce à la cour. Selon son diagnostic, l'enfant aurait contracté la consomption par sa nourrice. Mais cette version des faits ne suffit pas à calmer la colère royale.

Surveillance discrète du manoir de Fenalik

Le médecin met en garde la brigade du Sergent Renault : Fenalik est redoutable. Il a déjà terrassé plusieurs hommes en duel, tous plus grands et plus forts que lui. C'est un adversaire à ne surtout pas sous-estimer.

Toutefois, Rigault a remarqué un détail intrigant lors d'un dîner royal : Fenalik a perdu connaissance après avoir consommé certains aliments. L'incident a duré plusieurs minutes, et depuis, le Comte ne s'est plus jamais présenté aux repas officiels.

Intrigué, Rigault s'est procuré les ingrédients de ce dîner et les a réduits en poudre. Il pense que cette substance pourrait temporairement neutraliser Fenalik. L'analyse de la poudre ne révèle rien d'extraordinaire : elle semble contenir des éléments ordinaires comme de l'oignon, de l'ail, ou des épices courantes mais son effet sur le Comte reste indéniable.

Afin d'observer les allées et venues sans attirer l'attention, l'équipe se fond dans le décor, dissimulée sous des déguisements. Rapidement, un étrange manège se dessine : des laquais défilent, menant une véritable procession d'animaux vers le manoir. Chevaux, chiens, cochons, moutons, ânes Toutes ces bêtes ont un point commun : aucune ne veut avancer.

Leurs pas se font hésitants à l'approche du domaine, leurs corps se figent, et leurs regards, affolés, semblent fuir quelque chose d'indicible. Elles sentent un danger invisible. Mais les hommes de Fenalik ne tolèrent pas la moindre résistance. Sous la menace de coups brutaux, les pauvres créatures sont forcées d'entrer.

Pendant ce temps, Poissy plonge dans un silence funeste. Les volets claquent, les portes se verrouillent, les rues se vident. Même la taverne, habituellement animée, reste close. C'est comme si la ville entière retenait son souffle, consciente qu'un événement terrible allait se produire.

Puis, à l'aube, le chaos éclate. Des cris déchirants résonnent à travers les murs du manoir. Un concert d'agonie bestiale qui semble ne jamais finir. Cachés à bonne distance, les membres de la brigade assistent, impuissants, à l'inimaginable : les laquais massacrent méthodiquement chaque animal. Et Fenalik, lui, demeure invisible.

L'assaut

Tard dans l'après-midi, les premiers convives font leur apparition au manoir. Les carrosses se succèdent, déversant des aristocrates parés de leurs atours les plus extravagants. Rires et murmures complices flottent dans l'air tandis qu'ils disparaissent derrière les lourdes portes du domaine.

Minuit passe. L'heure avance. À une heure du matin, l'assaut commence. Trois groupes encerclent le manoir : un premier prend position à l'entrée, tandis que deux autres se répartissent sur les flancs du domaine, prêts à faire sauter les murs à coups de canon. Les soldats, fusils au poing, attendent le signal du capitaine Malon. Puis, l'ordre est donné.

Le fracas des détonations brise le silence nocturne. Les canons ouvrent des brèches dans les murs, projetant pierres et éclats de bois dans une poussière infernale. Des hurlements s'élèvent depuis l'intérieur du manoir. Les laquais ripostent sauvagement. Armés de fouets et de couteaux, ils se jettent avec une fureur inhumaine sur les soldats. Leur résistance est désespérée, presque suicidaire. Mais ils sont balayés sous les salves de mousquets.

Les aristocrates, eux, tentent de fuir. Certains trébuchent, pris d'un vertige soudain, comme s'ils sortaient d'un long cauchemar. Leurs regards hagards scrutent l'horreur autour d'eux : les meubles ont été poussés dans les coins, les tables sont jonchées de restes de festin, et à même le sol, des couches sont installées.

Un silence malsain précède la prise de conscience. Partout, les invités se retrouvent nus, enchevêtrés dans des ébats bestiaux. Comme s'ils avaient été réduits à l'état d'animaux. Les domestiques s'arrêtent net. Un à un, ils réalisent qu'ils ne savent même pas comment ils sont arrivés ici, ni ce qu'ils ont fait. Leurs yeux s'écarquillent d'effroi.

Tout le monde est arrêté. Dans la salle de bal, une scène grotesque attend les soldats. Dietrich Zann, complètement nu, gît au centre de la pièce. Une pomme enfoncée dans sa bouche. Son regard est vide, perdu. Il ne comprend pas ce qui lui est arrivé. Autour de lui, certains nobles essaient de faire bonne figure, affichant un sourire bravache, mais la panique est totale. Fenalik est introuvable.

Les soldats fouillent chaque recoin du domaine, mais aucune trace du maître des lieux. Dietrich, encore tremblant, finit par articuler dans un souffle :

  • Le Comte…Il s'est…changé en loup.

La cave

La cave est le dernier endroit où le Comte Fenalik a pu se cacher. La brigade du Sergent Renault prend la tête de l'expédition, torches en main. L'ombre des flammes danse sur les murs de pierre froide tandis qu'ils descendent lentement les marches. L'air est lourd, vicié, saturé d'une odeur métallique.

Les premiers pas dans le couloir sont un voyage à travers l'horreur. Des geôles bordent le passage, certaines grandes ouvertes, d'autres verrouillées. Dans chacune d'elles, des corps brisés. Des victimes tordues sur des roues de torture, d'autres écartelées sur des chevalets. Le sang séché tapisse les murs comme une fresque infernale. Et là, au centre d'une cellule, une silhouette méconnaissable : Guy le Gentil de Barrois

Ou du moins ce qu'il en reste. Toujours vêtu de sa robe de Marie-Antoinette, sa peau a été lacérée par le fouet jusqu'à en révéler la chair vive. Face à lui, une chaise longue. Un siège de spectateur, pour que le Comte Fenalik puisse observer la lente agonie de sa victime. S'en est trop pour le Sergent Renault.

Son souffle se coupe, son visage se fige dans une expression de terreur pure. Il titube, sa torche tombe au sol. Puis, il hurle. Ses mains se portent à son visage. Ses yeux sont ouverts, mais il ne voit plus. Deux soldats le rattrapent de justesse, le soutenant sous les bras alors qu'il s'effondre à genoux. Une cécité soudaine, venue de l'horreur même.

Le couloir se prolonge en une salle plus vaste. Une abomination de plus. Au fond, des corps encore vivants sont enchaînés au mur. Leurs membres disloqués forment une sorte d'alphabet obscène. Bras et jambes entremêlés dans un arrangement grotesque. Les soldats répriment un haut-le-cœur. Au centre de la pièce, des cercueils servent de tables. Sur eux, des rouleaux de parchemin rédigés en arabe et des illustrations d'anatomies torturées.

Beaumains s'approche d'une étagère, ses doigts tremblants effleurent les couvertures de plusieurs ouvrages. Le cuir est étrange. Trop souple. Trop lisse. Ce n'est pas du cuir. C'est de la peau humaine. L'un des livres, noir, est relié de laiton. Mais avant qu'il puisse l'ouvrir, un bruit attire son attention : Un gémissement.

Son regard se tourne vers une statue de porcelaine, posée au centre de la pièce. Son visage est vierge. Aucun trait, aucune expression, mais…quelque chose suinte de la porcelaine. C'est un liquide sombre, rouge, du sang. Les gémissements continuent. Ils semblent venir de la statue elle-même.

Puis, un gaz s'échappe de petits trous dissimulés au plafond. Pressi et les soldats chancellent. L'un tombe à genoux, ses yeux révulsés. L'autre s'écroule, pris de convulsions. Ils tombent un à un. Il ne reste plus que Hugel, Beaumains et Dupois. Lorsque la brume se dissipe. Il est là. Le Comte Fenalik est devant eux.

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